Par Prof. Thomas Bryer, chercheur principal, équipe américaine
Le nom « démocratie adaptative » n'est pas apparu dans le cadre de notre demande de subvention, mais plutôt à la suite négociations au sein de notre équipe de projet concernant le nom de notre site web. Le nom officiel de notre projet ne roule pas sur la langue et ne décrit pas ce que nous nous efforçons d'accomplir ( « ERCA-PD » – Explorer le rôle de la capacité d'adaptation pour la performance démocratique).
Le nom de notre site internet devient rapidement notre image de marque, mais que signifie-t-il?
Certains membres de l'équipe ont eu une réaction négative ou du moins sceptique à l'égard du nom de la marque. La démocratie ne devrait pas s'adapter, elle devrait être fixe et stable – il s'agit là d'une simplification grossière de l'un des arguments avancés.
Voici mon interprétation, qui ne reflète pas nécessairement le point de vue de tous les membres de l'équipe. Toutefois, conformément aux normes de la pratique démocratique, j'encourage mon équipe et tous ceux qui lisent ce blog à poser des questions, à remettre en cause mes hypothèses et à exprimer leur désaccord – et à le faire sans timidité mais avec civilité.
Être « adaptatif », c'est être flexible en termes de structure, de procédure et, oui, peut-être, de valeurs et d'engagements, à mesure que l'environnement change autour de nous. (Pour une lecture plus complète de la « capacité d'adaptation », j'invite les lecteurs à consulter cerains des travaux publiés dans le cadre de ce projet).
Pour la démocratie, s'adapter signifie exactement cela: lorsque des menaces nouvelles et émergentes pèsent sur les normes et les pratiques démocratiques, lorsque l'engagement en faveur de la démocratie dans les sociétés du monde entier semble s'affaiblir ou est en réalité en train de s'affaiblir, les démocrates (non pas les « démocrates » comme dans le parti politique aux États-Unis) doivent répondre à l'appel du moment. Ils devraient le faire en adoptant des changements qui renforcent les fondements démocratiques et ramènent à la maison les voyageurs égarés qui ont été tentés par les promesses de dirigeants qui rejettent certains aspects de la démocratie (par exemple, l'engagement envers la primauté du droit, la mise en place de systèmes de prise de décision et de représentation libres, équitables et inclusifs).
Peut-être ces changements consistent-ils à modifier les structures ou les processus de la démocratie pour donner ou redonner du pouvoir aux populations marginalisées ; peut-être s'agit-il de profiter des avancées technologiques, y compris 'IA, pour renforcer la transparence et la confiance dans la prise de décision publique. Il peut même s'agir de moidifier les relations de partage du pouvoir avec les citoyens afin d'éviter qu'une minorité ou une majorité de personnes/groupes n'élaborent des politiques qui profitent à certains sans tenir compte de tous. Les changements nécessaires pour s'adapter varieront d'un pays à l'autre, d'une ville à l'autre et d'une décennie à l'autre. C'est pourquoi la démocratie doit être adaptative.
Une démocratie non adaptative pourrait ressembler à l'histoire de la personne qui cherche son portefeuille sous un lampadaire dans l'obscurité de la nuit. Lorsqu'on lui demande pourquoi elle cherche à cet endroit, elle répond: « C'est là qu'il y a de la lumière ». Parfois, la lumière de la démocratie doit briller dans de nouveaux endroits. Nous devons simplement nous rappeler que nous disposons de nombreux outils nécessaires pour éclairer le monde et que nous devons être prêts à les déployer de manière inclusive.
Voici une photo de mon fils. Mon engagement en faveur de la démocratie adaptative est mon engagement envers lui. Lorsqu'il aura mon âge, dans 41 ans, je m'attends à ce que nos institutions démocratiques soient différentes de ce qu'elles sont aujourd'hui, plus fortes et adaptées à cette époque mais aussi suffisament souples pour changer pour ses enfants et petits-enfants dans les décennies à venir. C'est pourquoi notre recherche est si importante.

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